La participation des femmes à la vie de leur communauté représente à la fois un défi et une opportunité : Il s’agit de lever les nombreux obstacles qui entravent leur inclusion à divers niveaux, afin que puisse être mobilisé le potentiel humain qu’elles constituent dans le processus du développement de toute communauté^[1]. En intégrant à sa Charte, dès sa création en 1945, la promotion de l’égalité des droits entre les sexes ainsi que l’autonomisation des femmes, l’Organisation des Nations Unies (ONU) marquait déjà l’importance et l’urgence d’une lutte commune de tous les pays pour l’amélioration des conditions féminines^[2]. Cette lutte a conduit à la prise en compte effective de la dimension sexospécifique par les États dans toutes leurs institutions, politiques de planification et de prise de décision, ainsi que dans le fonctionnement des structures de base en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes. La réintégration de la lutte contre les inégalités des sexes et la promotion de l’autonomisation des femmes dans le Programme des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030 par l’ONU, avec une attention plus prononcée que dans les Objectifs du Millénaire (OMD), montre l’enjeu majeur que constitue de nos jours l’inclusion des femmes dans le processus de tout progrès^[3].

Mais malheureusement, les défis liés au statut et aux conditions des femmes restent encore importants, en l’occurrence dans les pays en développement. Ils sont, à la fois, d’ordre culturel, social, politique et économique. Au Bénin, par exemple, le statut des femmes généralement reconnu par rapport à la procréation, à leur rôle de mère et de ménagère, est encore loin de satisfaire aux droits humains. Les femmes sont considérées comme des êtres inférieurs par rapport aux hommes et sujets à l’autorité de ces derniers. Aussi, leur opinion compte-t-elle souvent peu dans toute décision de la vie du ménage, même s’il s’agissait d’une question qui les concerne directement. Ces réalités fortement entretenues par la culture existent aussi bien dans les grandes villes que dans les milieux ruraux où les rôles traditionnels de genres continuent de dominer au sein du foyer. De telles normes, maintenant une distribution inégalitaire du travail non rémunéré, exercent un impact négatif sur la participation des femmes à la vie sociale et au marché du travail, et par conséquent sur leur autonomisation. On note par exemple que bien que la participation à la population active (économique) des femmes soit assez élevée (56% en 2018), elles représentent la population la plus touchée par la pauvreté^[4]. Cette réalité est due au fait qu’elles sont plutôt les plus impliquées dans le secteur informel (63,6%)^[5] caractérisé par la vulnérabilité de l’emploi et une faible rémunération, et qu’elles consacrent la majeure partie de leur temps à des charges non rémunérées dont celles ménagères et des enfants.

En outre, la place réservée aux femmes dans notre société limite pour elles les possibilités d’être scolarisées, d’être informées ou d’être formées. Par exemple, malgré la progression vers l’accès universel à l’éducation pour les deux sexes, on note encore un très faible taux de maintien à l’école des filles en raison de multiples contraintes socioéconomiques et plus de 69% (chiffres UNESCO 2018 citée par Louvain Cooperation)^[6] des femmes analphabètes contre 46% des hommes.

La socialisation des rôles a également un impact sur la participation des femmes à la citoyenneté : pour l’instant, sur soixante-dix-sept (77) maires, le Bénin ne compte que quatre (4) femmes ; elles représentent donc moins de 4% des maires béninois. Avec des progrès notables des gouvernants et des organisations civiles et internationales, on compte, depuis le 08 janvier 2023, vingt-huit (28) femmes sur les cent neuf (109) députés pour le compte de la 9ème législature (2023-2026), soit un taux de 25,69%, contre 7, 23% des femmes élues pour la 8ème législature (2019-2023). En 2023, le gouvernement ne comptait que 4 femmes sur un total de 22 ministres, soit 18,2 %. (PNUD Bénin, 2023)^[7].
C’est dire que le chemin pour parvenir à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au Bénin est encore long et parsemé d’embuches. L’éducation et la sensibilisation ont montré leur efficacité dans l’amélioration des conditions des femmes. Et il importe que les actions visant à combler les fossés d’inégalité entre les sexes soient renforcées. C’est pour cela que l’ONG CIS-Bénin a, entre autres actions, initié un programme biennal dénommé « Égalité de genre harmonie et prospérité – EGHP ».

Dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme, il est initié, au titre de l’édition 2024, la deuxième édition du concours de réalisation de vidéos. Le but est d’impliquer les jeunes dans la lutte pour l’égalité des genres. Cette édition du concours EGHP a pour thème : « Égalité des sexes et autonomisation des femmes à l’épreuve des pesanteurs socioculturelles au Bénin ». Le choix porté sur la jeunesse comme principale cible tient essentiellement au fait que la population africaine en général, et celle béninoise en particulier, est majoritairement jeune. Aussi, les messages de sensibilisation ont-ils plus de chance de passer auprès des jeunes s’ils sont portés par leurs pairs. Par ailleurs, avec la forte présence des jeunes sur les réseaux sociaux, ces médias constituent une opportunité pour une large diffusion des messages de sensibilisation à faire passer dans ce sens.